Comment fonctionne le système bancaire africain ?

système bancaire africain

L’une des plus grandes préoccupations des leaders africains est que les systèmes bancaires de cette partie du monde ne soutiennent pas suffisamment les nouvelles initiatives économiques, en particulier, l’expansion des petites et moyennes entreprises (PME) et l’agriculture. Ont-ils raison de penser ainsi ? Comment fonctionne le système bancaire africain ? Lisez la suite de cet article pour le savoir.

Système bancaire africain : un potentiel largement sous-exploité

Les spécificités du système bancaire africain sont nombreuses. Environ 80 % des adultes africains ne possède pas de compte dans une banque formelle. De même, seul 3 % des Africains ont une carte de crédit. Cinq pays africains, à savoir l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Egypte, l’Angola et le Maroc dominent le marché bancaire africain. Ces 5 pays représentent à eux seuls 68% des revenus issus du secteur bancaire. De plus, moins de 25 % des ménages subsahariens ont accès au crédit bancaire.

jeunes Africains

Ce taux de bancarisation très faible nuit grandement aux possibilités de croissance des pays africains. Il impacte également l’épargne et la sécurité sociale. Cette situation rend les pays africains largement dépendants du financement extérieur.

Et pourtant les analystes sont formels : l’Afrique constitue le second marché bancaire au monde en termes de croissance et de rentabilité. C’est le constat qu’a établi le cabinet de conseil McKinsey & Co dans une nouvelle étude. Il est arrivé à cette conclusion en se basant sur des entretiens avec des clients d’établissements de crédit et avec des dirigeants de banque, ainsi que sur les données de performance des 35 principales banques du continent.

Système bancaire africain : un accès limité au crédit et au financement

Le système bancaire africain a les niveaux de pénétration du crédit les plus bas au monde. Les établissements bancaires africains demeurent très liquides dans la grande majorité des pays du sous-continent. De plus, elles ne prêtent qu’aux emprunteurs les plus solvables. En dépit du développement fulgurant des institutions de microfinance (IMF), la taille des crédits qu’elles accordent reste largement limitée. Pour de nombreux petits projets, leur soutien n’est pas à l’échelle nécessaire. Il faut ajouter à cela le fait que le taux d’intérêt des microcrédits est très élevé, une situation due à des coûts administratifs démesurés par rapport à l’ampleur réelle des opérations.

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Néanmoins, l’intensification de la concurrence a contribué à faire baisser ces taux depuis 2000. Au Kenya, par exemple, les taux d’intérêt des emprunts sont passés de 14% en 2000 à 6% en 2017. À Maurice, ces mêmes taux sont passés de 11% en 2000 à 5 % en 2017. Néanmoins, en 2017, des pays comme la Sierra Leone, le Rwanda, le Mozambique et la RDC ont enregistré des taux d’intérêt à deux chiffres. Extrêmement prudentes, les banques africaines préfèrent investir l’argent à leur disposition dans des obligations d’État relativement peu risquées et offrant un rendement plus ou moins élevé. Ainsi, l’argent, qui devait servir à financer le secteur privé et notamment les PME, est utilisé pour financer le secteur public.

Dans une région où la stabilité macroéconomique et politique est un concept plutôt nouveau, la grande majorité des banques, jusqu’à une époque récente, basait uniquement ses activités sur les opérations de trésorerie, de commerce et de change. Avec la baisse des rendements des opérations de trésorerie, la baisse de l’inflation et la stabilisation de l’environnement macroéconomique, les banques sont de plus en plus enclines à accorder des prêts. Cette situation a conduit à l’accélération de la croissance du crédit sur de nombreux marchés.

Système bancaire africain : des problèmes structurels à régler

La prévalence de communautés peu peuplées avec de faibles revenus et des infrastructures médiocres est l’une des causes de la faiblesse du système bancaire africain. Une augmentation des services d’assurance de base, de crédit, de paiement et d’épargne pour les micro-entreprises, pour les petites exploitations agricoles et pour les ménages à faible revenu est nécessaire.

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Alors que grandes et les moyennes entreprises sont financées par les établissements bancaires et que les micro-entreprises reçoivent des crédits de la part des établissements de microfinance, les entreprises situées entre ces catégories éprouvent d’énormes difficultés à trouver le financement dont elles ont besoin pour croître. Pour répondre à ces besoins spécifiques, une ingénierie et une technologie financières plus innovantes seront nécessaires.

Toutefois, accorder des prêts en Afrique est un véritable défi. Les créanciers ont très peu de droits et il est quasiment impossible de contraindre un individu respecter les termes d’un contrat de prêt. Accorder des prêts est donc une entreprise plutôt risquée sur ce continent. Les infrastructures considérées ailleurs comme allant de soi sont quasiment absentes des pays africains. Très peu de pays ont, par exemple, un système d’adressage des rues. La multiplicité des langues rend l’enregistrement des noms très pénible et parfois les emprunteurs potentiels n’ont aucun document d’identification. Il faut ajouter à cela les pannes d’électricité constantes et récurrentes.

Les établissements bancaires ont des frais exorbitants. Les écarts d’intermédiation élevés et les taux d’intérêt réels élevés sont la principale caractéristique des systèmes bancaires africains. Toutes ces contraintes créent un environnement financier où les prêts bancaires frisent l’usure. Cette situation étouffe l’investissement, ainsi que la croissance. En 2004, la moyenne des taux d’intérêt des prêts accordés sur le continent africain était de 13 %. Dans la même période, ce taux était de 8 % dans les pays à revenu intermédiaire. Dans les pays industrialisés, il n’était que de 3,5 %. Toutefois, il y a de l’espoir.

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Système bancaire africain : un avenir teinté en rose

Plusieurs études internationales confirment le potentiel du secteur bancaire africain. Mais, comment est-il possible qu’un continent qui abrite autant de pays pauvres puisse posséder l’un des systèmes bancaires les plus prometteurs du monde ?

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Dans son rapport annuel de 2019, la Banque africaine de développement (BAD) a confirmé une amélioration continue et généralisée des performances économiques du continent. L’institution a indiqué que le secteur bancaire avait largement contribué à ce succès. Elle confirme d’ailleurs une tendance qui se poursuit depuis plusieurs années.

Aujourd’hui, on assiste à une intensification de la concurrence, notamment dans la collecte de l’épargne et les produits financiers. De nombreuses banques internationales ont d’ailleurs ouvert des filiales et des succursales dans de nombreux pays Africains. Le cas d’Ecobank est très parlant. Cette banque née au Togo est aujourd’hui présente dans plus de 34 pays sur les 54 états que compte le continent africain. Le plus étonnant est qu’elle a réalisé cet exploit en seulement cinq ans.

Parmi les autres grands acteurs africains qui dominent le continent, on distingue :

  • Bank of Africa avec une forte participation de la BMCE
  • Groupe Standard Bank d’Afrique du Sud
  • Groupe de la Banque commerciale du Kenya
  • Attijariwafa et BMCE, tous deux du Maroc
  • United Bank for Africa, Guaranty Trust Bank et Diamond Bank, tous les trois viennent du Nigéria.

D’ici 2022, les experts prédisent que près de la moitié des Africains, c’est-à-dire environ 450 millions de personnes, utiliseront les services bancaires. Le système bancaire africain a donc devant lui un avenir prometteur. Ainsi, un nombre de personnes égal à plus de la moitié de la population européenne accédera aux services bancaires d’ici peu. Il s’agit donc d’un eldorado pour les multinationales financières. L’Afrique possède l’un des secteurs bancaires les plus prometteurs au monde, mais aussi un secteur informel qui cache une richesse non encore révélée.